Interview: France Huyard

Chère France, raconte-nous tes expériences professionnelles, ton parcours et surtout comment a commencé ton voyage dans le monde du livre ancien.

Tout a commencé l’année où il a fallu choisir où étudier, après mon bac Littéraire. Je passais avec une amie devant la librairie locale quand elle lança à la bravade « sinon, au pire, on ouvre une librairie… ». J’ai alors réalisé que son « au pire » était en fait mon rêve, et ai quitté mon Alsace natale pour passer deux années à Aix-en-Provence pour étudier les Métiers du Livre et obtenir mon DUT en 2008. J’ai ensuite travaillé dans des librairies modernes classiques, avant que la conjoncture et ma curiosité ne me poussent à traverser la Manche pour voir si l’herbe y était plus verte.

Après quelques années de babysitting à Londres et un an d’études à l’Université d’Edimbourg, le livre me manquait trop et j’y ai replongé en arpentant les librairies londoniennes où je déposais mes candidatures spontanées. Skoob Books m’accueilli et j’y passais trois ans dans le livre moderne de seconde main. C’est là que, dans l’arrière-boutique, servant de sous-tasse à un collègue, j’ai découvert une bible déreliée datée de 1602 et dont le papier – à mon incrédule observation – était encore parfaitement souple et frais (contrairement aux livres des années 1920-50 plus proches de la gaufrette parfum vanille). Me vint la compréhension que Shakespeare aurait pu la toucher (!), que j’avais entre les mains un « vrai vieux » livre et que là était mon chemin. 

Deuxième round de candidatures spontanées et me voilà à faire mes classes de livre ancien chez Bloomsbury Auction pendant deux ans. J’y ai appris à collationner, cataloguer, rechercher, tout en découvrant le monde des ventes aux enchères que je trouvais exaltant. En 2017, la chance me sourit une fois encore : Christie’s avait publié une annonce pour un poste de catalogueur.se livres et je décrochais le job de mes rêves. Pendant près de deux ans, j’eus la chance d’apprendre auprès des grands noms du métier et la joie indicible de cataloguer une quantité incroyable d’incunables de qualité, d’avoir accès à des bibliothèques privées formidables, et d’enchérir pour des clients sur des lots historiques (notamment le Darwin annoté par lui-même – lot 211, vente du 13 décembre 2017).
Début 2019, j’entrais chez Peter Harrington où je me familiarisais avec les ouvrages plus modernes, de Dickens à Harry Potter. J’y ai catalogué, entre autres, la collection Beekman des auteurs du Bloomsbury Group, collection qui fut mise en vedette à Milan, New York et Hong Kong lors des défilés Fendi.  

Après cet apprentissage plutôt complet du livre ancien et plus de douze ans au Royaume Uni, le retour au pays s’imposait. Il m’a semblé tout naturel alors de proposer aux marchands de livres anciens mes compétences en « biblio-anglais » pour traduire leurs notices bibliographiques dans l’anglais exact attendu par les clients et bibliophiles anglophones, leur assurer une communication en anglais au besoin (email, appels, zooms), et du catalogage ou des recherches en anglais. Le projet est né sous le nom de NoticeAble.

Website – noticeable.fr 

Discussing Early Printed Books with France Huyard:

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